Covid-19 et hydroxychloroquine (Plaquénil°) : de nouvelles données, sans signal d'une efficacité
Dans l'actualité Les résultats d'un nouvel essai comparatif randomisé, non aveugle, hydroxychloroquine à fortes doses versus soins standard chez 150 patients hospitalisés pour covid-19 ont été publiés. La seule différence notable entre les groupes a été la grande fréquence des effets indésirables avec l'hydroxychloroquine. Les résultats d'autres études non randomisées, de faible niveau de preuves, n'ont pas été en faveur d'une efficacité clinique de l'hydroxychloroquine.
L'effet antiviral in vitro de l'hydroxychloroquine (Plaquénil°) contre le coronavirus Sars-CoV-2 a conduit à émettre l'hypothèse de son éventuelle efficacité clinique chez les patients atteints de covid-19 (> ICI). Fin mars 2020, deux essais comparatifs de l'hydroxychloroquine ont eu des résultats non concluants (> ICI et > ICI). D'autres essais comparatifs randomisés sont en cours. Le 14 avril 2020, des résultats d'un autre essai comparatif randomisé ont été rendus publics.
Cet essai a comparé l'hydroxychloroquine versus soins standard chez 150 patients hospitalisés à Shanghaï en raison d'un covid-19 ((voir > ici) . Le traitement était attribué par tirage au sort, mais sans procédure d'aveugle. Les patients étaient âgés en moyenne de 46 ans, 55 % étaient des hommes. Seulement 1 % des patients étaient dans un état jugé grave. L'hydroxychloroquine a été utilisée à une posologie particulièrement élevée : 1 200 mg par jour durant 3 jours, puis 800 mg par jour sur une durée allant jusqu'à 2 à 3 semaines. La moitié des patients ont été suivis au moins 20 jours environ (maximum 33 jours). Le seul patient dont l'état de santé s'est aggravé faisait partie du groupe hydroxychloroquine. Il n'a pas été démontré d'effet antiviral de l'hydroxychloroquine chez ces patients. Globalement, des événements indésirables ont été notés par environ 30 % des patients du groupe hydroxychloroquine versus 9 % des patients du groupe témoin, soit une différence statistiquement significative.
D'autres études non randomisées ont comparé des séries de patients atteints de covid-19 selon qu'ils avaient reçu ou non un traitement par hydroxychloroquine peu après leur entrée à l'hôpital. L'absence de tirage au sort pour décider du traitement rend leurs résultats peu probants, l'état clinique des patients ayant pu influer sur le choix du traitement. Aucune de ces études n'a été en faveur d'une efficacité clinique de l'hydroxychloroquine. Notamment, une étude menée dans quatre hôpitaux d'Île-de-France a comparé l'évolution de 181 patients atteints de covid-19 avec atteinte pulmonaire justifiant une oxygénothérapie : 84 avaient commencé à recevoir de l'hydroxychloroquine (600 mg par jour) dans les 48 premières heures de leur hospitalisation, et 97 n'en avaient pas reçu durant cette période (groupe témoin) (voir > ici). La moitié des patients étaient âgés d'au moins 60 ans. 71 % étaient des hommes. Lors de leur hospitalisation, les patients avaient des rythmes respiratoires et des saturations sanguines en oxygène similaires. Un antécédent de maladie respiratoire chronique ou de maladie cardiovasculaire était plus fréquent dans le groupe témoin. Une atteinte de plus de 50 % des poumons au scanner thoracique était plus fréquente dans le groupe hydroxychloroquine. Il n'y a pas eu de différence statistiquement significative ni de la mortalité (environ 4 % des patients) ni de la fréquence d'un critère regroupant "transfert en réanimation ou mort" (20 % des patients). L'électrocardiogramme était systématique à l'admission puis après 3 à 5 jours. Un allongement de l'intervalle QT est apparu au point de justifier l'arrêt de l’hydroxychloroquine chez 9,5 % des patients.
D'autres données ont porté surtout sur les dangers de l'association de l'hydroxychloroquine avec l'azithromycine (Zithromax° ou autre) (> ICI).
Au 15 avril 2020, on ne connaît pas encore de traitement qui réduit le risque d'évolution vers un covid-19 grave. Exposer les patients à l'hydroxychloroquine et à l'azithromycine augmente le risque d'effets indésirables cardiaques graves.
©Prescrire 16 avril 2020
Voir aussi :
"Covid-19 et hydroxychloroquine : pas encore de résultats probants" (10 avril 2020) > ICI
"Covid-19 et hydroxychloroquine : incertitudes et questions qui se posent" (2 avril 2020) > ICI
"Covid-19 et hydroxychloroquine : prudence" (30 mars 2020) > ICI
"Covid-19 : porter attention aux patients prenant un médicament exposant à une immunodépression" (26 mars 2020) > ICI
"Covid-19 et essais de médicaments : que faire des premiers résultats d'évaluation ?" (23 mars 2020) > ICI
"Protéger les patients à risque de complications de covid-19 en situations de soin" (19 mars 2020) > ICI
"Épidémie d'infections respiratoires à coronavirus (covid-19) : quelques sources d'information" (27 février 2020) > ICI
"Grippe, coronavirus : principes de prévention des infections respiratoires" (4 février 2020) > ICI
[d'une personne "scientifique", le 23/03]
certain·e·s d'entre vous demandent plus de détails sur les essais chloroquine et les données d'épidémio, ce n'est pas un exercice simple mais je vais essayer.
En préambule, je suis microbiologiste moléculaire, je ne suis donc ni épidémiologiste, ni médecin, pour ces 2 aspects je m'en remets à ce que je lis tous les jours dans les journaux scientifiques et sur Twitter (j'essaie de choisir mes sources avec précaution) où fleurissent les analyses de ces essais cliniques. Je ne prétends donc pas détenir la vérité, loin de là (Boris peut en témoigner, je lui annonçais un pic à 15 jours en début du mois, et on n'y est pas encore!).
Mais revenons aux 2 points majeurs: dépistage et essai clinique chloroquine.
Le dépistage est la clé de toute épidémie (en l'absence de vaccin). Pour le dire simplement: si vous testez uniquement les morts, vous aurez 100% de positifs; si vous testez ceux qui sont admis en réa, vous serez également proche des 100%. Si vous testez uniquement les gens symptomatiques, ce chiffre va déjà baisser (période hivernale où d'autres virus circulent), si vous testez toute la population (ex. en Corée du Sud, Allemagne), alors on va obtenir non seulement des chiffres robustes et obtenir de véritables taux de morbidité (qui varient à l'heure actuelle entre 0,2% et 8% selon le nombre de tests effectués) mais on va pouvoir confiner efficacement les malades, leur entourage, les personnes à risque, et pas 1 milliard d'êtres humains. Cela suppose d'avoir du matériel et du personnel mobilisable immédiatement, et l'on sait l'état de nos hôpitaux et des personnels. Cela permettrait d'établir des modèles épidémiologiques carrés et des prédictions de circulation virale. Un article à lire si vous le souhaitez: Iceberg theory: substancial undocumented infection facilitates the rapid dessimination of novel coronavirus (Science 16 Mar 2020:DOI: 10.1126/science.abb3221). Il faut donc tester un maximum de personnes et très vite pour obtenir des données significatives! Voir aussi le graphique ci-dessous "iceberg analogy".
Les essais chloroquine (CQ) et hydroxychloroquine (HCQ) = antipaludéens. Je recommande la lecture du thread de Gaetan Burgio @GaetanBurgio publié hier.
En résumé: L'essai effectué à l'IHU concerne 42 patients, critères d'inclusion = charge virale positive. Exclusion: allergies, syndrome QT long (condition cardiaque). 6 patients ont été exclus en cours d'essai pour transfert en soins intensifs/décés. Au final 20 patients traités HCQ ou HCQ+azithromycin versus 16 patients contrôles pendant 10 jours. Pas de contrôle placebo. Le suivi est effectué par prélèvement nasal + dosage de charge virale. Le faible nombre d'inclusions du test rend toute statistique impossible. Les résultats sont "spectaculaires" ou "encourageants" selon les infectiologues. Des failles importantes apparaissent dans la publication: pas de barres d'erreurs sur les graphiques, des différences entre graphique et données chiffrées, âges des patients différents et surtout des charges élevées (Ct en PCR quantitative) dans les contrôles négatifs. Difficile de conclure sur cet essai à petite échelle donc, qui a cependant le mérite d'exister. À ce jour, 6 nouveaux essais cliniques ont démarré dans le monde (dont 2 en France) pour la CQ et d'autres ont démarrés concernant d'autres molécules repositionables (des molécules déjà autorisées mais pour d'autres pathologies). De nombreux médecins alertent sur les effets secondaires de la CQ: attention en particulier aux patients avec des problèmes cardiaques. Les annonces dans la presse ont conduit à une pénurie immédiate de CQ dans les pharmacies. Sanofi a annoncé mettre son stock à disposition, avant de se rétracter (source A. Bleibtreu, Pitié Salpétrière). L'agence du médicament (ANSM) n'a pas pris de mesures à ma connaissance.
Enfin, retour à l'épidémio, savez vous combien de personnes (estimation) meurent chaque année de la rougeole en Afrique? Rougeole pour laquelle nous avons un vaccin efficace depuis 50 ans (1968, inscrit au calendrier vaccinal en France en 1983)? Plus de 100 000. Et ce dans un silence absolu. Ce que cette crise sanitaire révèle également est que nos sociétés sont vieillissantes (Italie en dessous du taux de renouvellement de la population), les pays Africains avec des populations jeunes, déjà "nettoyées" avec des taux de mortalité infantile très élevés, pourraient s'en tirer mieux que nous, et c'est à souhaiter étant donné leurs systèmes de santé déficients.
Encore une fois, je ne prétends aucunement détenir la vérité et j'essaie de faire une biblio intensive à défaut d'extensive (j'ai aussi un enfant de 5ème scolarisé à la maison et une équipe de recherche qui se mobilise à distance).
PS: pour les Twittos vous pouvez consulter @DecrolyE mon collègue virologue à Luminy qui travaille avec B. Canard @canardbruno. Également ici: https://www.humanite.fr/etienne-decroly-comme-des-vacanciers-devant-un-tsunami-qui-arrive-686363
[d'une personne "scientifique" qui a travaillé à l'IHU - 26/03/2020]
vous avez peut-être reçu ce texte :
Objet: VERS UN SCANDALE POLITIQUE...
...Aussi retentissant que l'affaire du sang contaminé... si cette révélation se vérifie.(Source d'une journaliste du Figaro qui veut rester anonyme ; et on comprend pourquoi.)
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Le mari d'Agnès Buzyn, Monsieur Levy, participe à l'inauguration du laboratoire P4 à Wuhan d'où le virus est sorti;
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avant cela, le même mari d'Agnes Buzyn s'est faché avec Didier Raoult, en refusant les label de l'INSERM au centre de recherche mondialement répute (IHU) dirigé par le professeur Didier Raoult;
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le professeur Didier Raoult montre que le classique médicament de la Chloroquine soigne 90% des cas de coronavirus s'ils sont dépistés assez tôt, il s'oppose au confinement généralisé des porteurs sains qu'il juge digne du Moyen-Age. Il prone un dépistage géneralisé, et un traitement rapide avec la chloroquine, et avec confinement des seuls malades;
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la chloroquine coute 10 centimes le comprimé; il est sûr que les laboratoires qui financent l'Inserm cherchent des solutions bien plus couteuses;
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en octobre 2019, il faut savoir que Monsieur Levy, président de l'Inserm et mari de la ministre, a révoqué le statut de « fondation » des IHU, pour reprendre le contrôle sur leur recherche - le Professeur Raoult dirige l'IHU de Marseille, et est visé directement par cette directive;
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le 13 janvier 2020, alors que l'épidémie se répand en Chine, Agnès Buzyn classe la Chloroquine (le fameux remède) dans les substances vénéneuses (disponible seulement sur ordonnance), alors que cela fait 50 ans qu'elle est en vente libre;
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il y a quelques semaines, Agnès Buzyn a dit avoir su que ce serait une hécatombe, et qu'il n'y avait pas de remède;
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le gouvernement de Macron fait un confinement généralisé de la population, il ne parle pas de la chloroquine;
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il affirme que les policiers ne doivent pas porter de masques (ils ont été volés pour la plupart, et il n'y en a même pas pour les soignants);
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il refuse le dépistage de masse, pourtant pratiqué allègrement en Corée et en Allemagne, avec succès;
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il refuse de fermer les frontières avec les pays contaminés;
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Le journal le Monde et l'Agence d'État de la santé qualifient les recherches du professeur Raoult de Fake News, avant de se rétracter;
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le Professeur François Perrone révèle il y a quelques jours sur LCI que le stock de chloroquine de la pharmacie centrale française, a été pillé;
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Ailleurs dans le monde, Donald Trump veut mettre à disposition de tous les américains la Cloroquine de toute urgence car il fait confiance au Pr Raoult.
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Le Maroc achète les stocks de chloroquine de Sanofi à Casablanca;
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Le Pakistan va accroitre sa production de la chloroquine à destination de la Chine;
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La Suisse exclut elle aussi le confinement généralisé de la population, pratique un large depistage et traitement rapide, et accuse la France de faire de la politique spectacle;
-La société TEVA en Israel annonce qu'elle va livrer gratuitement plus de 10 millions de doses de chloroquine aux USA;
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Estrosi, soigné lui-même a la chloroquine, sans réponse du gouvernement, a appelé directement Sanofi pour qu'ils livrent la chloroquine aux hôpitaux de Nice;
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sous le lobbying intensif du Professeur Raoult, un test à grande échelle de la chloroquine a commencé finalement en France, sous la direction de l'Inserm (!), qui veut « refaire les (mêmes) expérimentations dans d'autres centres médicaux independants » : ce qui prendra encore des semaines...
Vous pouvez vérifier ces dires ... tout est vrai
Agnes Buzyn a fait perdre des mois précieux. Tout cela pour éviter un conflit d'intérêt.
Comme toujours avec ce genre de propagande complotiste, c'est truffé d'inexactitudes et de mensonges.
Ci-dessous des éléments d'explication et de rappel de la réalité, que j'ai rassemblés pour votre information ou pour envoi à vos contacts
Fraternellement
1er point ) Le mari d'Agnès Buzyn, Monsieur Levy, participe à l'inauguration du laboratoire P4 à Wuhan d'où le virus est sorti;
Oui, Yves Levy (mari d'Agnès Buzyn) a participé à la cérémonie d'accréditation du laboratoire de haute sécurité (P4) de Wuhan. Pas étonnant, puisque ce laboratoire a été réalisé en collaboration avec la France et que, en tant que PDG de l'INSERM, il est logique qu'il se trouve en compagnie du premier ministre dans une cérémonie concernant un laboratoire de recherche sur des agents pathogènes pour l’homme.
Cette inauguration a eu lieu en février 2017. Le texte sous-entend que M. Levy aurait participé à quelque chose dans l'émergence du virus à covid-19. Pourquoi alors un délai de 2 ans et demi entre février 2017 et décembre 2019 ?
D'autre part, le transport d'un virus (obligatoirement dans l'azote liquide ou la carboglace pour garantir sa survie) ne se fait pas dans une poche de veston. Pourquoi prendre le risque d'attirer sur soi l'attention avec du matériel de transport spécifique, alors qu'il est tout à fait courant de s'envoyer des virus, bactéries ou cellules de culture entre laboratoires du monde entier, par transporteurs professionnels, sans attirer la curiosité publique ?
2ème point ) avant cela, le même mari d'Agnes Buzyn s'est faché avec Didier Raoult, en refusant les label de l'INSERM au centre de recherche mondialement répute (IHU) dirigé par le professeur Didier Raoult;
En février 2017, le laboratoire de Didier Raoult, mondialement connu et mondialement controversé, était labellisé INSERM depuis des années. Cette labellisation a été retirée au deuxième semestre de 2017 (et non pas avant l'inauguration du P4 de Wuhan).
Au même moment, le CNRS (qui n'avait rien à voir avec M. Levy) a également retiré sa labellisation au laboratoire de Didier Raoult. Le retrait de ces labellisation était dû à la fois à un très mauvais rapport de l'organisme qui, en France, inspecte les laboratoires de recherche (l'HCERES) et à la dénonciation par des ingénieurs et techniciens travaillant dans le laboratoire Raoult de la maltraitance qu'il subissaient depuis des années. Le rapport de l'HCERES questionnait la qualité scientifique des travaux menés dans l'unité Raoult. La dénonciation des ingénieurs et techniciens révélait humiliations, rabaissement, harcèlement moral, menaces, ..., de la part de la direction de l'unité. Les enquêtes qui s'en sont suivies ont même révélé harcèlement sexuel et agression sexuelle, que Didier Raoult, informé deux ans plus tôt des faits, n'avait pas jugé bon de dénoncer à la présidence de l'université.
3ème point ) le professeur Didier Raoult montre que le classique médicament de la Chloroquine soigne 90% des cas de coronavirus s'ils sont dépistés assez tôt, il s'oppose au confinement généralisé des porteurs sains qu'il juge digne du Moyen-Age. Il prone un dépistage géneralisé, et un traitement rapide avec la chloroquine, et avec confinement des seuls malades;
Pour l'instant, Didier Raoult n'a rien démontré scientifiquement par rapport à l'hydroxychloroquine. L'étude qu'il a menée présente plusieurs biais scientifique. Entre autres, sur les 14 personnes traitée à l'hydroxychloroquine, 6 ont été exclues de l'étude dont trois pour transfère en soins intensifs (traitement inefficace ?) et une pour décès. Supprimer d'une étude les cas qui n'ont pas marché permet d'avoir une meilleur réussite, mais ça pose beaucoup de questions sur sa crédibilité... Pour une critique scientifique plus complète de cette étude, lire l'article https://blogs.mediapart.fr/olivierbelli/blog/220320/le-pr-raoult-et-la-chloroquine-les-failles.
Le gouvernement britannique s'est opposé au confinement généralisé. Devant l'augmentation du nombre de personnes contaminées et du nombre de décès, il a été obligé de revenir en arrière et d'appliquer cette méthode "moyenâgeuse".
En Chine, c'est grâce à un confinement très strict qu'ils sont redescendus à quasiment 0 contamination au bout de 6 semaines.
Pour ce qui est de la Corée du Sud, il faut rappeler que sa réactivité est en partie due aux enseignement tirés de l'épidémie de SRAS, qui l'avait gravement touchée en 2015. Il est certain qu'on peut regretter que leur expérience d'alors n'ait pas servie à tous les pays du globe, mais peut-on attendre un développement de notre système de santé de la part de gouvernements qui ne cessent d'en baisser les moyens, de supprimer des lits d’hôpital et de diminuer les effectifs de personnels soignants ?
4ème point ) la chloroquine coute 10 centimes le comprimé; il est sûr que les laboratoires qui financent l'Inserm cherchent des solutions bien plus couteuses;
L'INSERM est un organisme de recherche public. Si ses unités de recherche sont contraintes de chercher des financements auprès d'entreprises, à cause de la baisse du financement de la recherche publique par l'état, on ne peut pas dire que l'INSERM est financée par les laboratoires pharmaceutiques. La plus grande partie des financements des unités de l'INSERM provient de l'état ou de l'union européenne, ou d’associations. Et les chercheurs et ingénieurs qui travaillent dans ces unités ne sont pas à la solde des entreprises pharmaceutiques.
5ème point ) en octobre 2019, il faut savoir que Monsieur Levy, président de l'Inserm et mari de la ministre, a révoqué le statut de « fondation » des IHU, pour reprendre le contrôle sur leur recherche - le Professeur Raoult dirige l'IHU de Marseille, et est visé directement par cette directive;
M. Levy n'est plus PDG de l'INSERM depuis juillet 2018. En octobre 2019 il ne l'était donc plus depuis longtemps. De plus, le PDG de l’INSERM n’a pas le pouvoir de décider que les IHU ne doivent pas être sous la gouvernance de fondations. C'est le ministre qui le peut. Enfin, cette décision de Mme Buzyn concernait les nouveaux IHU à créer; les anciens, dont celui dirigé par Didier Raoult, sont toujours sous la gouvernance d’une fondation (voir sur le site de l’IHU : https://www.mediterranee-infection.com).
Sur le fond de la question, pourquoi ce problème par rapport au statut de fondation ? Raoult a déclaré : « Les IHU sont une réussite internationalement reconnue, avant tout car nous avons une souplesse de fonctionnement. Quand nous avons besoin d’un chercheur dans un domaine précis, nous pouvons le recruter rapidement. C’est très précieux. »
En clair, cela veut dire qu'il peut faire ce qu'il veut comme il veut. Finies les contraintes de recrutement, les grilles salariales, le statut de la fonction publique, la stabilité de l'emploi. J'ai besoin d'un chercheur, je l'embauche au tarif que je veux, pour le temps que je veux et, quand je n'en ai plus besoin, je le jette. Autre problème, avec un statut de fondation pour les IHU, l'INSERM et le CNRS, qui financent les IHU et qui y payent des chercheurs et des personnels techniques et administratifs, n'ont aucun droit de regard ou de véto sur les décisions qui y sont prises. Vous en connaissez beaucoup des entreprises privées qui financent sans aucun droit de regard ? Vous trouvez normal que de l'argent public soit utilisé sans que le public ait son mot à dire ?
Ce n'est donc pas une bataille entre Levy et Raoult (qui dirige toujours sa fondation aujourd’hui), c'est une question de savoir ce qu'on accepte de contournement des conditions de travail et d'utilisation de l'argent public.
6ème point ) le 13 janvier 2020, alors que l'épidémie se répand en Chine, Agnès Buzyn classe la Chloroquine (le fameux remède) dans les substances vénéneuses (disponible seulement sur ordonnance), alors que cela fait 50 ans qu'elle est en vente libre;
La chloroquine est classé substance vénéneuse depuis le 7 janvier 1999, par l'arrêté suivant : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000574825&categorieLien=id
En octobre 2019, soit 2 mois avant l'apparition du nouveau coronavirus, l'hydroxychloroquine a fait l'objet d'une demande d'avis auprès de l'Anses, pour inscription sur la liste des substances vénéneuses. L'avis a été rendu le 12 novembre 2019, soit 1 mois avant l'apparition du Covid-19, et il préconise l'inscription de l'hydroxychloroquine comme molécule vénéneuse : https://www.anses.fr/fr/system/files/ANMV2019SA0175.pdf. Si le décret a été pris le 13 janvier 2020 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041400024&categorieLien=id), c'est à la fin d'une procédure commencée bien avant que l'on apprenne l'existence du nouveau coronavirus.
Si la chloroquine a été classée en substance vénéneuse, délivrée uniquement sur ordonnance, c'est à cause de problèmes observés chez les femmes enceintes.
Pour ce qui est du reste :
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nous savons parfaitement que les gouvernements qui se sont succédés en France depuis des décennies cassent notre système de santé et ne s'intéressent qu'à l'aspect comptable au détriment de l'humain. Ils veulent la peau de l'hôpital public au profit du privé. On le leur reproche aujourd'hui, pourtant, quand il s'agit de se battre pour la Sécurité Sociale et pour l'amélioration des hôpitaux, il y a bien peu de monde dans la rue. Alors battons-nous pour un système de santé en bonne santé.
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depuis quand Donald Trump est-il une référence en matière médicale, scientifique ou même en choix stratégiques ?
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si la Suisse a exclu le confinement généralisé, le nombre de morts par million d'habitants y est de 17,7, tout près de ce qu'on observe en France, 20,4 morts par million d'habitants (https://www.politico.eu/article/coronavirus-in-europe-by-the-numbers/). On ne peut donc pas dire que ce soit une réussite. La Hollande, qui refusait aussi le confinement généralisé a une proportion de mortalité supérieure à celle de la France : 20,8 par million d'habitants. La Grande Bretagne, qui refusait le confinement, se met à l'appliquer face à la forte augmentation du nombre de cas. Pareil en Suède.
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Didier Raoult a testé l'hydroxychloroquine sur 14 personnes. Une est morte, trois se sont retrouvées en soins intensifs, une a arrêté prise de nausées, une n'avait pas le virus, 4 avaient une charge virale nulle le jour 1 de l’étude (https://blogs.mediapart.fr/olivierbelli/blog/220320/le-pr-raoult-et-la-chloroquine-les-failles). Vous êtes prêt à risquer votre vie sur un tel coup de roulette russe ?
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Attention au mythe du héros qui a raison contre tous. Le 21 janvier 2020, le héros enregistrait une vidéo dans laquelle on peut entendre "et donc, c’est vrai, tout le monde est devenu complètement fou; c’est à dire que il se passe un truc où il y a trois chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale…" (https://www.youtube.com/watch?v=qoBoryHuZ6E). Le truc a déjà fait plus de 20 000 morts.
Que reste t-il de vrai dans ce texte ? Pas grand chose !
L'hydroxychloroquine est peut-être le médicament miracle contre le Covid-19, mais ça reste à prouver. Et si c’est le cas, tant mieux !